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Typhanie Afschrift : « À Bruxelles, les plaintes concernant la mobilité sont permanentes »

par Rédaction
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Me Typhanie Afschrift, patronne du cabinet d’avocats éponyme, loue la stabilité et l’efficacité du système politique et des transports suisses, par rapport à la Belgique. Concernant les élections américaines, elle exprime son désarroi face à l’absence de candidats de qualité. Elle déplore la ligne éditoriale uniforme des médias francophones belges et la disparition des journaux d’opinion.

21 News : Vous voyagez souvent à travers le monde, comment trouvez-vous l’évolution de Bruxelles par rapport à d’autres capitales ?

Typhanie Afschrift : Les Belges sont souvent fort appréciés à l’étranger. Ce n’est en revanche pas le cas de Bruxelles. Les motifs en sont essentiellement le côté repoussant de certains endroits – qui devraient pourtant être exemplaires dans l’accueil des étrangers (les gares du Nord et du Midi) – et qui provoque à tout le moins une forte insécurité ressentie.

21 News : Vos clients se plaignent-ils souvent de problèmes de mobilité à Bruxelles ?

T. A. : La mobilité est ressentie comme s’étant considérablement aggravée au cours des dernières
années. Les plaintes concernant la mobilité sont permanentes. Je reçois régulièrement, à leur demande, des clients le dimanche à Bruxelles pour leur permettre d’arriver sans supporter des heures d’embouteillages. Des clients remplacent leur rendez-vous par des visioconférences pour s’épargner des trajets. Les gens ont de plus en plus de mal pour arriver plus ou moins à l’heure aux rendez-vous. Cette situation est clairement due à une politique systématiquement anti- voitures menée de façon inconséquente dans une ville qui ne propose, la plupart du temps, guère de solutions alternatives acceptables (c’est-à-dire sûres, rapides et confortables).

21 News : Vous passez une grande partie de votre temps en Suisse. Que trouvez-vous d’attractif dans ce pays ?

T. A. : La Suisse a le grand avantage d’une forte stabilité, non seulement politique, mais aussi juridique. On n’y change les lois importantes qu’après publication du projet gouvernemental et possibilité pour toutes les personnes intéressées d’y répondre en ligne ; ce n’est qu’ensuite que le Parlement vote. Sa majorité n’est pas toujours la même que celle du gouvernement et le poids des partis y est beaucoup plus faible qu’en Belgique. Le système permet d’avoir des lois beaucoup plus raisonnées et discutées, où tout le monde a la possibilité de participer. Cela me paraît autrement plus efficace et justifié que les conclaves nocturnes desquels sort souvent un texte sur lequel les partis sont d’accord sur les mots, mais pas sur le sens des mots, comme en Belgique. La Suisse, c’est aussi une politique de mobilité extrêmement efficace avec des trains et des transports urbains utilisés par la plus grande partie de la population, tout simplement parce qu’ils sont sûrs, à l’heure, propres et bien organisés. Cela aussi, cela change de la Belgique. Quant au système judiciaire, il évite, par un recours systématique à la conciliation, l’arriéré judiciaire du niveau que nous connaissons en Belgique.

« L’information est essentielle dans une société libre »

21 News : Vous connaissez aussi bien les États-Unis. Quelle est votre vision de la prochaine élection américaine ?

T. A. : Le drame des États-Unis est d’avoir, pour la deuxième fois consécutive, des candidats qui ne méritent pas d’être présidents. Il y a quatre ans, Biden a gagné, sans argument et sans véritable programme. Il a gagné sur la base d’un argument très efficace : il faut voter pour lui pour éviter que Trump soit président. Je pense qu’il y a de bonnes chances que Kamala Harris fasse la même chose, avec le même résultat, même si elle ne propose pas grand-chose de positif. Ses électeurs voteront contre Trump et la seule manière de le faire efficacement c’est de voter pour elle. Quant à Trump, même si son programme comporte parfois des mesures intéressantes, sur le plan économique, c’est un personnage clivant, et dont on peut redouter des réactions irréfléchies. Cela nuit à la confiance que ses électeurs raisonnables peuvent avoir. Tout cela est d’autant plus dommage que les deux partis disposent de candidats de talent qui auraient permis un véritable débat.

21 News : Vous intervenez dans beaucoup de colloques à l’étranger et dans beaucoup de médias belges et étrangers. Quelle est votre vision des médias en Belgique francophone ?

T. A. : Il y a dans les médias belges francophones un certain nombre de journalistes de qualité. Malheureusement, au niveau de la ligne éditoriale, on a l’impression que celle-ci, dans la presse écrite et radiotélévisée, est, avec de minuscules nuances, à peu près la même dans tous les organes. Seule la presse économique s’en distingue parfois quelque peu. C’est dommage parce que l’information est essentielle dans une société libre : il n’y a malheureusement presque plus de « journaux d’opinion », mais une opinion presque unique diffusée dans presque tous les journaux. On doit aussi regretter que la traditionnelle séparation, dans les textes, entre les faits et les commentaires, ne soit plus respectée aujourd’hui alors que c’est une garantie importante pour le lecteur.

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