Un reportage réalisé en caméra cachée a mis en lumière un clientélisme effronté au sein du CPAS d’Anderlecht, où des revenus d’allocations de revenu d’intégration (RIS) seraient versées indûment. La réaction des responsables politiques issus du PS, qui sabotent leur propre administration, en dit long sur la situation.
Le CPAS d’Anderlecht accorde des allocations à des personnes qui n’y ont pas droit. Dans l’émission Pano diffusée sur la chaîne flamande VRT, des assistants sociaux ont témoigné de la situation chaotique due à l’explosion du nombre de dossiers. Résultat : peu ou pas de contrôles.
Un témoin déclare : « Nous avons accordé des allocations à des gens que nous n’avons jamais rencontrés, qui ne résident même pas à Anderlecht. Le CPAS d’Anderlecht, c’est une passoire. »
Deux jeunes journalistes se sont infiltrés en demandant une allocation. Ils ont découvert qu’un domicile officiel à Anderlecht n’était pas nécessaire : une simple adresse temporaire suffisait. Ils ont utilisé de fausses adresses, facilement vérifiables, mais avaient été informés par des employés du CPAS qu’aucune visite à domicile n’était effectuée pour vérifier ces adresses.
Les deux journalistes undercover ont obtenu des rendez-vous, pas dans le délai légal de 30 jours, mais après un mois et demi, voire deux mois. Ils ont inventé des histoires fictives et évité les visites domiciliaires grâce à des prétextes. Quelques mois plus tard, ils ont chacun reçu des milliers d’euros de revenu d’intégration sur leurs comptes bancaires, les montants étant versés rétroactivement à la date de leur demande.
Un déni politique troublant
Le moment le plus saisissant du reportage survient lorsque les journalistes demandent une réaction à Lotfi Mostefa (PS), président du CPAS d’Anderlecht depuis juin. Mostefa n’a jamais répondu. Son prédécesseur, Mustapha Akouz (PS), président de 2019 à 2023 et désormais député bruxellois, a quant à lui réagi devant la caméra avec des propos surprenants : « Je comprends que cela choque en Flandre, mais moi, je suis socialiste. Voilà. » Akouz a même affirmé être fier de la situation et a justifié le clientélisme, qu’il considère comme acceptable.
Dysfonctionnements à tous les niveaux
Les questionnements ne s’arrêtent pas là. Le comité spécial de l’aide sociale (CSAS), chargé d’évaluer et de prolonger les dossiers chaque mois, refuse apparemment de clore des dossiers ou de retirer des allocations, même en cas de fraude avérée concernant le domicile ou la composition de ménage. Les politiciens présents dans ces comités ignorent les recommandations des travailleurs sociaux, motivés par des pratiques clientélistes.
Le CPAS d’Anderlecht semble généreux avec l’argent provenant du SPP Intégration sociale et laxiste dans ses contrôles, attirant ainsi de nombreux fraudeurs. Cette situation met en lumière des dysfonctionnements graves dans la gestion de l’aide sociale, alimentés par des pratiques politiques controversées.
Lode Goukens
(Illustration : Capture d’écran Youtube « Pano »/VRT)