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USA : d’un « ministère de la Vérité » à un autre ?

par A.G.

L’administration Trump, par la voix de Marco Rubio, a officiellement fermé le Global Engagement Center. Présenté comme un outil de lutte contre la désinformation étrangère, le GEC est accusé par les conservateurs d’avoir dérivé vers une mission de censure politique déguisée.

Le Global Engagement Center (GEC), logé au Département d’État, n’est plus. Créé sous Obama en 2016 pour contrer les campagnes d’influence étrangères, il vient d’être supprimé par le secrétaire d’État Marco Rubio (photo), avec l’aval direct de Donald Trump. Le message est clair : le gouvernement fédéral ne doit plus jouer les arbitres de la vérité. Pour Rubio, « le GEC a travaillé activement à faire taire et censurer les voix des Américains qu’il était censé servir » — un contresens démocratique.

Un outil devenu politique

Officiellement, le GEC luttait contre la propagande venue de Russie, de Chine ou d’Iran. Officieusement, selon les critiques issus des cercles républicains, il finançait des ONG et des fact-checkers qui, sous prétexte de neutralité, traquaient des opinions conservatrices ou critiques envers l’État fédéral. En 2023, plusieurs enquêtes ont montré que le GEC collaborait avec des plateformes comme Twitter pour signaler des contenus jugés « problématiques », y compris aux États-Unis.

La fermeture ne signifie pas la fin des missions : 30 millions de dollars de budget et une cinquantaine d’agents du GEC sont transférés vers une nouvelle structure, le Counter Foreign Information Manipulation and Interference Hub, dirigé par Darren Beattie — figure controversée, ancien rédacteur de discours à la Maison-Blanche, et très critique du « régime de la désinformation institutionnelle ». De quoi relancer les débats sur le rapport entre État, liberté d’expression et sécurité nationale.

Censure ou contre-censure ?

Pour les adversaires de Trump, cette décision affaiblit la lutte contre les ingérences étrangères. Pour ses partisans, elle corrige une dérive dangereuse. Le GEC aurait franchi la ligne rouge entre protection de l’information et manipulation idéologique. L’affaire relance une question essentielle : dans une démocratie, qui contrôle les contrôleurs ? Et surtout, qui décide de ce qu’est « la vérité » ?

Pour de nombreux observateurs, cette fermeture est une des conséquences des “Twitter Files” qui avaient révélé lors d’auditions remarquées au Congrès américain une forme “d’industrialisation de la censure” dénoncée notamment par les journalistes Matt Taibbi et Michael Shellenberger. “En décembre 2022, après le rachat de Twitter par Elon Musk, celui-ci leur a accordé un accès exclusif à des documents internes de l’entreprise”, précise Wikipedia. “Ces documents ont été publiés sous forme de séries de threads sur Twitter, révélant les coulisses des décisions de modération de contenu, notamment concernant la suppression de certaines informations et les interactions entre Twitter et des agences gouvernementales. En plus de Taibbi et Shellenberger, d’autres journalistes comme Bari Weiss, Lee Fang, David Zweig et Alex Berenson ont également contribué à ces publications.”

A.G.

(Photo : Julien De Rosa / AFP)

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