« La chute de la Belgique », version française du dernier livre du journaliste politique flamand Wouter Verschelden, est en librairie. Une formidable plongée dans l’envers du décor de la Vivaldi à travers une série de portraits piquants et de propos off de ses protagonistes. À l’aune de son constat, l’auteur évalue l’Arizona en gestation.
Wouter Verschelden chronique avec rigueur journalistique les mœurs du personnel gouvernemental durant la séquence Vivaldi. Résultat : une brique de 440 pages très informées, aussi savoureuses qu’inquiétantes, autour du délitement d’une coalition vouée à l’échec. Aucun protagoniste ne sort indemne de cette analyse très sourcée et accessible. L’œil dans le rétro et au gré d’une galerie de portraits bien sentis, on revit les rivalités, les nids de serpents, les conflits puissance 10, la perte du sens des réalités. Autant d’ingrédients du fiasco de la Vivaldi. À lire absolument.
21 News : Après votre premier livre « Les fossoyeurs de la Belgique », voici « La chute de la Belgique ». Le prochain sera intitulé « Les funérailles de la Belgique » ?
Wouter Verschelden : Ou, pourquoi pas, « La résurrection de la Belgique » ! J’utilise l’image d’Icare associée à la chute mais en politique, il y a toujours une chance, une opportunité de se réinventer. Comme le Phénix qui renaît de ses cendres. Pour la Belgique, ce sera peut-être la même histoire. Il y a toujours eu cette question existentielle de la survie de notre pays. Va-t-il tenir ? Au départ, la Vivaldi avait vraiment l’ambition de démontrer que ce pays fonctionne. À l’arrivée, l’échec de la Vivaldi résonne de manière encore plus grave et forte.
« L’équipe De Croo a hérité d’une situation difficile »
21 News : Vous dressez un bilan très critique de ces cinq ans de Vivaldi. Aucun des protagonistes n’est épargné. Le problème se situait-il au niveau des hommes et femmes politiques ?
W. V. : L’équipe De Croo a hérité d’une situation déjà difficile, corsée ensuite par deux crises successives – la pandémie Covid et la guerre en Ukraine. Dans un premier temps, ces crises ont permis de démontrer une certaine capacité de gestion, une volonté d’agir. Par contre, avec les suivantes comme la crise énergétique, la question du nucléaire, les réformes des pensions et les réformes fiscales, les échecs se sont enchaînés. La cause principale était un manque de confiance entre partenaires menant à une incapacité à décider, à prendre des mesures difficiles. L’optimisme de départ a suscité beaucoup d’espoirs. La déception face à l’échec n’en a été que plus grande. D’où les résultats des dernières élections, en Flandre comme en Wallonie.
21 News : La faute au Premier Ministre Alexander De Croo ?
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