C’est l’un des grands paradoxes de notre époque : un président communiste devenu VRP du Libre-échange mondial, pendant qu’un président américain — capitaliste auto-proclamé — dresse des murs tarifaires. Xi Jinping joue les modérés, Trump les pyromanes. Mais ce jeu de rôles est trompeur : le Chinois veut éviter l’implosion de son économie, l’Américain cherche à renégocier les termes d’un deal qu’il juge perdant depuis trop longtemps.
Dans les chancelleries européennes (et leurs salons annexes des rédactions), Trump reste un « zozo », un « fou dangereux », un président sans boussole ni cap, mû seulement par son instinct ou son “ça” freudien, sans le moindre « surmoi ». Un fauve en cage. Mais cette grille de lecture caricaturale ne tient pas. Trump est conseillé, entre autres, par Stephan Miran et Peter Navarro, théoriciens controversés de la guerre des tariffs, qui prétendent qu’elle peut enrichir les États-Unis, faire baisser naturellement le dollar, et réduire leur déficit commercial abyssal (1.000 milliards de dollars d’écart entre import et export).
Stratégie trumpienne
Dans cette logique, la fameuse « pause » de 90 jours sur les tariffs n’est pas une retraite. C’est une respiration stratégique, voire une manœuvre prévisible. Trump, allergique aux marchés en chute libre, a simplement réagi en pragmatique : un geste, une accalmie, et aussitôt les indices mondiaux rebondissent. Bruno Colmant, dans nos colonnes, l’a noté : il suffit parfois d’un tweet présidentiel pour faire repartir le CAC, le DAX et le Dow Jones. C’est dire le pouvoir résiduel d’une Amérique que certains enterrent depuis trente ans — en saluant au passage les BRICS et le yuan comme nouveaux messies monétaires.
Encore une fois, les médias dominants confondent vœu pieux et analyse, une des maladies du journalisme contemporain. Parce qu’ils haïssent Trump (et c’est leur droit), ils souhaitent — donc prédisent — son échec. Tout comme ils prédisaient une victoire éclair de l’Ukraine…
Mais venons-en à notre propos : la guerre tarifaire avec la Chine. Trump affirme qu’elle « veut négocier mais ne sait pas comment ». En réalité, son objectif est clair : forcer Pékin à la table, faire plier l’Empire du Milieu, et rééquilibrer une balance commerciale qui fut, à son pic, déficitaire de 600 milliards de dollars.
La Chine souffle le chaud et le froid
Les messages émis par Pékin sur la guerre des tarifs relèvent de l’ambivalence calculée. La Chine, qui s’affiche comme la victime d’un Trump brutal, clame à l’envi son attachement au multilatéralisme… tout en répondant à chaque coup de Washington par une salve tarifaire encore plus lourde.
Le ton varie selon les jours et les interlocuteurs. D’un côté, Xi Jinping dénonce le protectionnisme comme un poison mortel, multiplie les gestes d’ouverture en Asie du Sud-Est, parle d’un monde d’échanges et de stabilité des chaînes logistiques. Pékin se dit prêt au dialogue et nomme un nouveau négociateur, Li Chenggang, tout en rappelant que la guerre commerciale ne profite à personne. Le président chinois endosse même les habits du chantre du libre-échange, posture savoureuse pour un chef de parti unique.
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